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lundi 18 avril 2011
Mackinlay's Rare Old - Le whisky de Shackelton
Si vous suivez un tant soit peu l'actualité du whisky, vous avez forcément entendu parler du whisky de Shakelton.
Ernest Shackelton, c'est cet explorateur d'origine irlandaise qui fut, en 1909 le premier à approcher le pôle sud. Il dut abandonner à 100 miles du but, à bout de force et de vivres. Il revint en Antarctique en 1915 mais, manque de chance, son navire, L'Endurance, fut pris dans les glaces et finit broyé par celles-ci. Cette nouvelle aventure se transforma en mission de sauvetage épique au dénouement heureux : aucune perte humaine ne fut à déplorer*.
En 2006, Une expédition néo-zélandaise, partie sur les traces de Shackelton, découvrit, prises dans les glaces de l'Antarctique, plusieurs caisses de whisky et de brandy apportées en 1907. La décision fut prise d'extraire, avec la plus grande délicatesse et sous des conditions de laboratoire rigoureuses, une caisse de whisky Mackinlay, un blend distillé il y a plus d'un siècle.
Trois bouteilles furent envoyées pour analyses à Edinbourg, chez Whyte & Mackay (propriétaires actuels de la marque Mackinlay, aujourd'hui disparue) qui décidèrent d'en créer une réplique, la plus exacte possible. Pour la petite histoire, les analyses ont révélés que les fûts ayant servi au vieillissement du whisky étaient fait de chêne blanc d'Amérique et avaient précédemment contenu du sherry, et que la tourbe ayant servi au séchage de l'orge maltée provenait des Orcades.
C'est à Richard Paterson, master blender connu aussi pour son surnom The Nose (Le Nez), que fut confiée cette tâche ardue. Mission réussie après huit semaines de travail intense. Paterson et son équipe ont recréé un blend aux caractéristiques identiques (couleur, odeur, saveur et taux d'alcool de 47,3 %) à celles du whisky que Shackelton avait embarqué avec lui. Le mélange exact reste bien évidemment un secret mais on sait tout de même que les single malts rentrant dans sa composition sont âgés de 8 à 30 ans et proviennent en grande partie de Glen Mhor (distillerie détruite qui distillait le Mackinlay original) et de Dalmore (sa voisine, également propriétée de Whyte & Mackay). On y trouve également des whiskies du Speyside (Longmorn, Benriach, Glenfarclas, Mannochmore, Tamnavulin, Glenrothes), d'autres provenant des Highlands (Balblair, Pulteney) ainsi qu'un peu de vieil Isle of Jura. Le tout assemblé dans des fûts de sherry.
Mis à part Richard Paterson lui-même, seul Dave Broom, journaliste bien connu du petit monde du whisky, a eu l'occasion de goûter à l'original et, de son avis, la réplique n'a rien à envier à son modèle.
Cette réplique, Mackinlay's Rare Old Highland Malt Whisky, vendu à 50 000 exemplaires au prix unitaire de 100 £ (5 % de cette somme sera reversée à la New Zealand Antarctic Heritage Trust) est d'ors et déjà disponible sur certains sites marchands… et un échantillon (déjà entamé) trône fièrement sur mon bureau. Et je dois bien avouer qu'il est très plaisant à boire, frais, léger, étonnamment doux pour un 47,3 %, légèrement tourbé, presque mentholé. Un futur collector de par son histoire, un peu cher il est vrai, mais vraiment agréable au palais.
Pour en savoir plus
www.enduringspirit.com
*L'histoire de ce sauvetage est d'ailleurs merveilleusement raconté et mis en images par Pascal Berthot et Marc-Antoine Boidin dans leur bande dessinée Endurance paru il y a quelques temps aux éditions Delcourt.
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