vendredi 7 mars 2014

News - Single malt 60 ans - Master of Malt



Au fil des ans, surtout passé la quarantaine, on se rend compte que l'opportunité de goûter des whiskies distillés l'année de votre naissance, voire bien avant que vous ne veniez au monde, se fait de plus en plus rare. Les occasions peuvent se présenter lors de dégustations privées ou de salons spécialisés, mais la possibilité de pouvoir s'offrir des bouteilles de single malt vieillis plus de 45 ans s'atténue d'année en année. Bien évidemment, on pourra toujours trouver des embouteillage (officiels ou indépendants) de très vieux whiskies, mais passé 40 ans d'âge, le prix des bouteilles s'envole vers des cimes souvent hors de portée de l'amateur moyen.

Pour ma part, le plus vieux whisky qui m'a été donné de boire, avant ce jour, était un Glen Grant 58 ans embouteillé par Gordon & MacPhail, lors du Whisky Live Paris 2012. J'ai également, toujours en réserve une mignonnette de Glenfarclas 58 ans, généreusement offerte par Master of Malt, que je me suis promis d'ouvrir le jour où je signerais la vente de ma maison (croisons les doigts pour que cela arrive le plus vite possible). Imaginez ma surprise et ma joie quand j'ai reçu cette semaine cet échantillon de single malt distillé en 1954 par une distillerie du Speyside (qui restera secrète) et embouteillé à l'âge vénérable de 60 ans par mes amis de Master of Malt, avec pour mot d'ordre de ne rien révéler avant aujourd'hui 11h00 GMT (midi heure française). Après plusieurs mois de silence (dû à une masse de travail considérable qui devrait s'atténuer d'ici peu), cela valait bien deux petites heures à consacrer à un nouveau post sur ce blog.
Le plus vieux whisky à avoir atteint mes papilles gustatives.

C'est à leur gamme Secret Bottlings que vient donc s'ajouter ce single malt de 60 ans originaire du Speyside. Il vient rejoindre le 30 ans, le 40 ans (tous deux médaillés d'or lors de compétitions internationales de spiritueux) et le 50 ans déjà disponibles ici. Embouteillé à la force du fût à 42,2 % sans filtration à froid et sans ajout de colorant, ce somptueux (et encore vigoureux pour son âge) whisky est non seulement un délice malté, mais il reste en plus relativement abordable pour son âge. En effet, à 1 200 €, il n'est bien évidemment pas donné, mais reste très compétitif par rapport à des whiskies plus jeunes (voir exemples ci-dessous).

Highland Park 40 ans + de 1 000 €
Bunnahabhain 43 ans (Duncan Taylor) + de 1 600 €
Old Pulteney 40 ans + de 1 600 €
Glenglassaugh 45 ans + de 2 000 €
Glenfarclas 58 ans + de 9 000 €
Glen Grant 60 ans + de 9 600 €
Yamazaki 50 ans + de 10 000 €
Karuizawa 48 ans + de 12 000 €
Balvenie 50 ans + de 20 000 €

À bien laisser s'aérer avant de déguster.

"Alors ?", me direz-vous, "Comment est-il ce vieux whisky ?"
D'une belle robe ambrée, même à 42,2 %, le premier nez est puissant en alcool et plein d'esters (colle scotch). Légèrement agressif, aussi. C'est un whisky qui a indéniablement besoin de respirer*. Une demi-heure plus tard, l'agressivité s'est envolée pour laisser place à des arômes, maltés, fruités et légèrement floraux, soulignés par des notes de noisettes et de noix de muscade. Il y a aussi un petit côté encaustique/vernis/cire très agréable que l'on retrouve souvent dans les whisky de 40 ans et plus.
En bouche, il est onctueux assez puissant pour chatouiller les papilles, mais pas trop pour ne pas les brûler. À mon humble avis, il n'est pas nécessaire d'ajouter de l'eau, ou alors, une seule goutte. C'est un whisky crémeux et complexe dont les arômes tapissent toutes les parois de la bouche et de la langue dans une explosion effarante de fruits, d'épices, d'herbes et de fleurs, le tout sans la moindre note d'amertume. Ce n'est pas, non plus un malt sucré ou caramélisé, d'ailleurs, et c'est tant mieux.
La finale est longue avec une pointe de fraîcheur épicée très peu marquée par le bois (preuve de qualité pour un whisky qui à passé six décennies à communier avec son conteneur de chêne).

Vous l'aurez compris, je suis sous le charme de ce superbe single malt et je vais tenter de faire durer encore un peu le demi-centilitre qui reste dans mon verre. Alors, si vous voulez vous faire un beau cadeau, pas d'hésitation à avoir, mais souvenez-vous, ce whisky a besoin de temps et si vous le laissez prendre son temps il vous le rendra au centuple.

* Il a patiemment attendu 60 ans dans un fût avant d'être mis en bouteille, nous pouvons bien patienter 20 ou 30 minutes avant de le déguster, non ?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire