Samedi 19 janvier 2013, alors que la neige s'était installée depuis la veille, a eu lieu la toute première dégustation officielle de La Cave de Cobalt. Avec l'aide de Damien Anglada, ambassadeur The Balvenie pour la France, et en présence de quelques amis et de fans du blog, nous avons passé une bonne partie de l'après-midi à déconstruire la cinquième édition du Balvenie Tun 1401.
Le Balvenie Tun 1401, si vous ne le connaissez pas encore, est un embouteillage composé par le maître de chais, David Stewart, constitué d'un assemblage d'une dizaine de fûts de bourbon et de xérès (sherry en anglais) plus ou moins vieux, mariés dans un énorme fût (un foudre - le fameux Tun numéroté 1401) pendant quelques mois. Le Tun 1401 première édition (batch 1) n'était disponible à la vente qu'à la distillerie, les éditions suivantes étant réservées aux différents marchés internationaux. En France, nous avons pu avoir le batch 2 en 2011 et le batch 5 en 2012. Le premier des deux étant constitué de sept fûts de bourbon et de trois fûts de sherry, l'autre, celui que nous nous apprêtons à déconstruire est constitué de cinq fûts de bourbon et de quatre fûts de sherry âgés de 21 à 46 ans.
Cette déconstruction consiste à prendre chacun des éléments constituant le produit fini et de les déguster un par un, avant de goûter le résultat de l'assemblage de tous ces éléments et, par là-même, essayer de mieux comprendre le cheminement du master blender (maître de chais) dans l'élaboration de ses whiskies.
Mais passons plutôt au déroulement de notre événement.
Tout est en place. La dégustation peut commencer. |
Damien Anglada, qui a bravé la neige, arrive un peu en avance. Pendant qu'il installe son matériel, je pars chercher les derniers convives à la gare. À notre arrivée, tout est en place pour la dégustation. La table basse du salon accueille des verres, les dix flacons de 10 cl que nous n'allons pas tarder à découvrir, quelques grains d'orge, un sachet de grist (orge maltée concassée qui constitue la base du whisky), un peu de tourbe, un flacon contenant du new make spirit (distillat qui sort de l'alambic), un échantillon de xérès, quelques éléments de décoration, des livrets promotionnels et, derrière cette table basse, trône fièrement un magnifique kakemono retraçant les principaux corps de métier toujours en activité chez The Balvenie.
Tout le monde s'installe confortablement. Damien retrace brièvement son parcours, puis il nous présente la distillerie, son histoire, sa philosophie axée sur l'artisanat et son maître de chais, David Stewart, qui a fêté en 2012 ses 50 ans de carrière.
J'en profite pour apporter quelques assiettes garnies de diverses petites choses à grignoter : pain frais, fruits secs, fromage, shortbreads, stollen (gâteau de Noël allemand aux raisins secs) et macarons… Ma femme a également préparé des verrines de foie gras aux figues (qu'elle a cuisiné et transformé en mousse) accompagnées de pain d'épices artisanal. Thierry, un des participants, a préparé deux cakes salés et Gérard, un ami, est venu avec du cake aux fruits confits.
Le moment que nous attendons tous impatiemment arrive enfin. Après une explication sur la composition de ce Tun 1401 et sur la manière de procéder du maître de chais, Damien nous invite à commencer la dégustation.
Nous passons maintenant aux fûts de xérès et, pour bien nous faire comprendre que nous sommes dans une toute autre dimension de Balvenie, Damien nous propose de commencer par un fût de 1970. Le contraste est détonnant. Ce 42 ans d'âge est soufré et tannique, légèrement agressif aussi, probablement à cause de ses 58,8 %.
Le suivant, un 37 ans de 1975, est plus équilibré. Ses 47,1 % le rendent plus délicat mais, ici, pas de complexité. C'est un whisky très linéaire. Il n'évolue ni en bouche, ni dans le verre.
Très marqué par le xérès (l'échantillon d'Oloroso qu'a ramené Damien sert de référence à ceux qui ne sont pas très familier de ce type de vin), ce 1972 est, à mon goût, bien plus intéressant que le précédent. Plus complexe.
Le dernier échantillon, provenant d'un fût de 1971, est ce qu'on appelle un sherry monster. Une bombe aux notes de fruits secs et d'épices qui se marie fort bien avec le cake aux fruits confits et le Stollen.
Tout le monde s'installe confortablement. Damien retrace brièvement son parcours, puis il nous présente la distillerie, son histoire, sa philosophie axée sur l'artisanat et son maître de chais, David Stewart, qui a fêté en 2012 ses 50 ans de carrière.
J'en profite pour apporter quelques assiettes garnies de diverses petites choses à grignoter : pain frais, fruits secs, fromage, shortbreads, stollen (gâteau de Noël allemand aux raisins secs) et macarons… Ma femme a également préparé des verrines de foie gras aux figues (qu'elle a cuisiné et transformé en mousse) accompagnées de pain d'épices artisanal. Thierry, un des participants, a préparé deux cakes salés et Gérard, un ami, est venu avec du cake aux fruits confits.
Lors d'une dégustation de whisky, toujours prévoir de quoi manger. |
Le moment que nous attendons tous impatiemment arrive enfin. Après une explication sur la composition de ce Tun 1401 et sur la manière de procéder du maître de chais, Damien nous invite à commencer la dégustation.
Nous commencerons par goûter les cinq whiskies vieillis en fûts de bourbon, puis les quatre whiskies vieillis en fûts de xérès, avant de passer au résultat de l'assemblage, le Tun 1401 (batch 5).
Le premier échantillon que Damien nous sert est aussi le plus vieux des whiskies qui composent ce Tun 1401 : un single cask de 1966. En fait, ce whisky n'en est pas un, ou plutôt, n'en est plus un. En effet, après 46 ans de maturation, le taux d'alcool a baissé pour finalement atteindre, 37,8 %. Ce qui, d'après les réglementations en vigueur, n'en fait plus un whisky*. Le nez de cet ex-whisky est sublime. Fruité (sur les fruits exotiques). On en attend des merveilles en bouche. Paradoxalement, au palais, le liquide est plat. Il manque de corps et les saveurs que l'on attendait sont occultées par l'eau qui est très présente. La perte de l'alcool y est bien évidemment pour beaucoup. Sa finale est tout de même boisée.
Tout de suite après le plus vieux, nous passons au plus jeune. Distillé en 1991, ce 21 ans d'âge est magnifique, aussi bien au nez, qu'au palais. Il est onctueux, avec une vraie épaisseur en bouche. J'y distingue de franches notes de crème brûlée à la vanille Bourbon. L'ensemble des dégustateurs est convaincu.
À ce stade, je ne peux m'empêcher de proposer une alliance pain, comté (affiné 14 mois), abricot sec et whisky. Après avoir bien mâché les trois ingrédients solides afin de bien tapisser le palais de toutes leurs saveurs, on prend une gorgée de whisky (un Balvenie 12 ans Double Wood fera très bien l'affaire) et on continu de mâcher le tout avant d'avaler. Les arômes du whisky subliment ceux du mélange pain/fromage/fruit sec et apportent une nouvelle dimension à cette alliance. À tester lors de votre prochaine fin de repas entre amis (étonnement et succès garantis).
Vient le tour d'un 39 ans de 1973. Un whisky d'un tout autre registre. Moins gourmand avec un côté herbacé prononcé et une légère amertume (un peu comme celle que l'on retrouve dans le 30 ans officiel).
Le quatrième, un 40 ans de 1972, offre des senteurs plus riches avec des notes de confiserie de fête foraine (barbe à papa, pomme d'amour, ours en gelée…).
Le dernier parmi les whiskies vieillis en fûts de bourbon est, à peu de choses près, similaire au précédent, mais avec une douceur supplémentaire. Pas la moindre amertume. Ce single cask de 38 ans, distillé en 1974, est de toute beauté.
Le premier échantillon que Damien nous sert est aussi le plus vieux des whiskies qui composent ce Tun 1401 : un single cask de 1966. En fait, ce whisky n'en est pas un, ou plutôt, n'en est plus un. En effet, après 46 ans de maturation, le taux d'alcool a baissé pour finalement atteindre, 37,8 %. Ce qui, d'après les réglementations en vigueur, n'en fait plus un whisky*. Le nez de cet ex-whisky est sublime. Fruité (sur les fruits exotiques). On en attend des merveilles en bouche. Paradoxalement, au palais, le liquide est plat. Il manque de corps et les saveurs que l'on attendait sont occultées par l'eau qui est très présente. La perte de l'alcool y est bien évidemment pour beaucoup. Sa finale est tout de même boisée.
Tout de suite après le plus vieux, nous passons au plus jeune. Distillé en 1991, ce 21 ans d'âge est magnifique, aussi bien au nez, qu'au palais. Il est onctueux, avec une vraie épaisseur en bouche. J'y distingue de franches notes de crème brûlée à la vanille Bourbon. L'ensemble des dégustateurs est convaincu.
À ce stade, je ne peux m'empêcher de proposer une alliance pain, comté (affiné 14 mois), abricot sec et whisky. Après avoir bien mâché les trois ingrédients solides afin de bien tapisser le palais de toutes leurs saveurs, on prend une gorgée de whisky (un Balvenie 12 ans Double Wood fera très bien l'affaire) et on continu de mâcher le tout avant d'avaler. Les arômes du whisky subliment ceux du mélange pain/fromage/fruit sec et apportent une nouvelle dimension à cette alliance. À tester lors de votre prochaine fin de repas entre amis (étonnement et succès garantis).
Vient le tour d'un 39 ans de 1973. Un whisky d'un tout autre registre. Moins gourmand avec un côté herbacé prononcé et une légère amertume (un peu comme celle que l'on retrouve dans le 30 ans officiel).
Le quatrième, un 40 ans de 1972, offre des senteurs plus riches avec des notes de confiserie de fête foraine (barbe à papa, pomme d'amour, ours en gelée…).
Le dernier parmi les whiskies vieillis en fûts de bourbon est, à peu de choses près, similaire au précédent, mais avec une douceur supplémentaire. Pas la moindre amertume. Ce single cask de 38 ans, distillé en 1974, est de toute beauté.
Petite pause mousse de foie gras/pain d'épices. On n'en perd pas une miette. |
Le suivant, un 37 ans de 1975, est plus équilibré. Ses 47,1 % le rendent plus délicat mais, ici, pas de complexité. C'est un whisky très linéaire. Il n'évolue ni en bouche, ni dans le verre.
Très marqué par le xérès (l'échantillon d'Oloroso qu'a ramené Damien sert de référence à ceux qui ne sont pas très familier de ce type de vin), ce 1972 est, à mon goût, bien plus intéressant que le précédent. Plus complexe.
Le dernier échantillon, provenant d'un fût de 1971, est ce qu'on appelle un sherry monster. Une bombe aux notes de fruits secs et d'épices qui se marie fort bien avec le cake aux fruits confits et le Stollen.
Il est temps, maintenant, de passer au Tun 1401, l'assemblage de tous les fûts dont nous avons découvert les caractéristiques individuelles. Ne comptez pas sur moi pour vous révéler les proportions de chaque fût contenus dans le mélange. Seul David Stewart en connaît la composition exacte. Mais le résultat est une vraie merveille de complexité, aux saveurs riches et délicates. Un travail digne d'un alchimiste qui aurait réussi le grand œuvre de sa vie pour arriver à transformer le contenu des fûts dont il a la garde, en or liquide. Pas étonnant que chaque édition du Tun 1401 s'épuise à vitesse grand V.
Plus qu'une simple dégustation de whisky, cette expérience, menée de main de maître par l'ambassadeur The Balvenie pour la France, nous a ouvert les yeux (et les papilles gustatives) sur l'un des aspects les moins connus de l'élaboration d'un grand single malt. Une expérience unique et passionnante que chaque amateur devrait avoir la possibilité de tenter… et que je suis prêt à revivre avec plaisir. Messieurs les ambassadeurs et messieurs les master blenders, c'est quand vous voulez !
The Balvenie Tun 1401 (batch 5) est composé de :
Bourbon barrel 1966-2012 - 37,8 % - 46 ans
Sherry butt 1970-2012 - 58,8 % - 42 ans
Sherry butt 1971-2012 - 52 % - 41 ans
Sherry butt 1972-2012 - 48,3 % - 40 ans
Bourbon barrel 1972-2012 - 52,2 % - 40 ans
Bourbon barrel 1973-2012 - 51,6 % - 39 ans
Bourbon barrel 1974-2012 - 44,6 % - 38 ans
Sherry butt 1975-2012 - 47,1 % - 37 ans
Bourbon barrel 1991-2012 - 55,8 % - 21 ans
* pour avoir le droit à l'appellation "whisky", le distillat doit avoir vieilli un minimum de trois ans en fût de chêne et son taux d'alcool ne doit pas être inférieur à 40 %.
Plus qu'une simple dégustation de whisky, cette expérience, menée de main de maître par l'ambassadeur The Balvenie pour la France, nous a ouvert les yeux (et les papilles gustatives) sur l'un des aspects les moins connus de l'élaboration d'un grand single malt. Une expérience unique et passionnante que chaque amateur devrait avoir la possibilité de tenter… et que je suis prêt à revivre avec plaisir. Messieurs les ambassadeurs et messieurs les master blenders, c'est quand vous voulez !
The Balvenie Tun 1401 (batch 5) est composé de :
Bourbon barrel 1966-2012 - 37,8 % - 46 ans
Sherry butt 1970-2012 - 58,8 % - 42 ans
Sherry butt 1971-2012 - 52 % - 41 ans
Sherry butt 1972-2012 - 48,3 % - 40 ans
Bourbon barrel 1972-2012 - 52,2 % - 40 ans
Bourbon barrel 1973-2012 - 51,6 % - 39 ans
Bourbon barrel 1974-2012 - 44,6 % - 38 ans
Sherry butt 1975-2012 - 47,1 % - 37 ans
Bourbon barrel 1991-2012 - 55,8 % - 21 ans
* pour avoir le droit à l'appellation "whisky", le distillat doit avoir vieilli un minimum de trois ans en fût de chêne et son taux d'alcool ne doit pas être inférieur à 40 %.
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