Le 11 septembre dernier, je me suis rendu au Pavillon Ledoyen, sur les Champs Elysées pour assister, pour la troisième fois, au salon des spiritueux français : France Quintessence. L'occasion de découvrir de manière conviviale ce que nous réserve le monde du whisky français, mais aussi celui des eaux de vie de fruits, des Cognacs, Armagnacs, anisés, Gins et autres produits plus atypiques.
Petit résumé en images de ma visite.
En arrivant sur place, un rapide coup d'œil à la foule qui s'agglutine déjà en attendant l'ouverture des portes, me dévoile une chevelure grisonnante sous laquelle je reconnais Jean Metzger de la distillerie Bertrand qui n'a pas de stand, cette année, mais qui a dans sa sacoche quelques échantillons de nouveautés à venir. Il est en grande discussion avec un importateur/distributeur Suisse qui essaye, tant bien que mal de faire découvrir nos whiskies à ses compatriotes helvètes. Martine et Jean Donnay de la distillerie Glann ar Mor ont également quitté leur Bretagne pour venir respirer l'air parisien. Ils en profitent pour me glisser un échantillon de leur Kornog Sant Ivy et de leur Kornog Sant Erwan version 2017 (notes de dégustation à venir sur le blog). Toute la scène du whisky français est là. J'ai bien fait de venir.
Une fois à l'intérieur, comme à mon habitude, je commence mon repérage des lieux et en profite pour saluer les producteurs de ma connaissance avant de commencer les dégustations. Mon premier verre : un grand verre d'eau pour m'hydrater. Cela me permet aussi de frimer un peu en sortant mon tout nouveau verre Glencairn gravé aux couleurs du blog.
Premier arrêt au Domaine des Hautes Glaces pour goûter leurs dernières Moissons single malt et single rye, avec une signature céréalière toujours aussi présente, ainsi qu'Ampelos, plus riche et gourmand, élevé en fût de Condrieux. Puis, une curiosité, le Minimus provenant de la même distillation qu'Ampelos, mais vieilli dans un petit fût recomposé à partir de douelles de chêne du Limousin et du Tronçais).
Frédéric Revol présente Ampelos, un single cask riche et gourmand. |
La Distillerie de Paris n'étant qu'à quelques mètres de là, je m'arrête pour dire bonjour à Nicolas Julhès qui me tente avec son Mapple Spirit Drink au nez herbacé, rond en bouche avec des notes d'agrumes (kumquat). Puis, avec son Agave Spirit Drink qui, au nez, me semble sucré (c'est possible ?) avec une note de caramel brûlé. Vraiment intéressant !
Retour au whisky avec Armorik qui présente la nouveauté de sa gamme : le Sherry Cask. Doux et onctueux avec un bel équilibre en bouche. Un super rapport qualité/prix pour un whisky dangereusement buvable.
Chez Rozelieures, pas de nouveauté dans leur gamme de whisky, mais une très vieille mirabelle (vieillie 20 ans en bonbonnes ouvertes) tout simplement superbe.
Mon coup de cœur, cette année, va sans conteste au 100% Pur Malt de la distillerie Rouget de Lisle. Pour cet embouteillage, Bruno Mangin a assemblé 12 fûts (ex vin de paille) millésime 2008 à 2012, légèrement réduit à 42%. Une tuerie !
Pas d'appellation Whisky pour cause de sucres résiduels. Ça ne change en rien la qualité du produit. |
En attendant son premier whisky, l'année prochaine, Philippe Laclie est venu nous présenter deux eaux de vie de malt Bercloux. Son Pur Malt (la nouvelle réglementation interdit désormais l'utilisation du terme single malt tant que l'eau de vie n'a pas vieilli 3 ans en fût, autrement dit, tant que ce n'est pas un whisky – belle confusion des termes pour des législateurs qui ne connaissent vraisemblablement pas grand chose au whisky) a un petit côté botanique au nez, qu'on ne retrouve pas en bouche. Il est doux et onctueux et déjà bien équilibré pour son jeune âge (8 mois !). Le Single Malt Tourbé (oui, celui-ci a été mis en bouteilles avant la nouvelle réglementation) âgé de 6 mois est très fruité et sa tourbe légère apporte une fraîcheur bienvenue.
En arrivant sur le stand Bastille, je dois bien avouer que je ne m'attendais pas à grand chose et, aux vues de certaines notes de dégustation d'amateurs éclairés lues de-ci de-là, j'ai longtemps hésité à m'arrêter. Mais je me devais de me faire ma propre opinion et, finalement, j'ai été agréablement surpris. Même s'il n'est pas exceptionnel et un peu trop doux et sucré pour mon palais, leur Blend tient la route. Leur Single Malt, un assemblage de whisky vieilli un fûts de Sauterne, de Bourgogne (rouge) et de Xérès, est gentiment tourbé avec une belle rondeur en bouche, suivie d'une finale courte mais agréablement épicée.
Nouveau venu sur France Quintessence, Ergaster distille depuis 2016. Son eau de vie de malt Pur Malt Première vieillie en fûts neufs puis transvasée dans des fûts ayant au préalable contenu du Cognac, du pineau et du vin jaune, laisse la part belle aux céréales avec un côté légèrement fruité. Sa belle texture grasse en bouche laisse présager le meilleur pour le futur.
Passage obligé chez Guilhem Grosperrin, mais, plutôt que de passer en revue ses magnifiques Cognac millésimés, je me contente de son MMC3 (Moult Muté au Cognac) dont Chritine "La Soif du Malt" Lambert avait vanté les qualités quelques semaines plus tôt sur sa page Facebook. Je ne pouvais pas passer à côté sans le déguster. Et bien m'en a pris ! Ce MmC3 (un très vieux pineau sans l'appellation) est effectivement à tomber par terre avec un rancio remarquable. Le plus dur, après avoir fini mon verre est de ne pas en reprendre. Mais ma visite n'est pas terminée. Il me reste d'autres stands à explorer et d'autres produits à déguster. Soyons professionnels !
Pas d'étiquette pour cette petite merveille qu'est le MMC3 de Grosperrin. |
Retour au whisky, tout en restant dans la même région, avec Brenne, le single malt charentais de la New-Yorkaise Alison Parc. Toujours aussi "bonbon-esque" (Malabar, fraise Tagada et banane Haribo macéré dans de l'alcool) ce troisième batch se distingue des précédents par ses notes un peu plus fruitées (pommes).
Alison Parc, toujours aussi heureuse et fière de présenter son whisky au public français. |
Petite déception chez Bache Gabrielsen, le whisky de leur gamme Distillations n'est pas disponible à la dégustation et pour cause, le distillat venant d'Écosse, il n'a malheureusement pas sa place sur France Quintessence. Je me tourne donc vers leurs Cognacs en commençant par Tre Kors, un assemblage de Cognacs de 2 à 10 ans, fruité avec des notes orangées. L'American Oak, déjà goûté l'an dernier, est gourmand avec une belle fraîcheur en bouche. Le XO, un assemblage de Cognacs (80% de Grande Champagne et 20% de Petite Champagne) âgés de 15 à 20 ans est certainement ce que la majorité des buveurs occasionnels de Cognac apprécierait le plus. Je lui trouve un côté trop "sucré" (même si, contrairement à ce que font certains producteurs de Cognac, ici, aucun sucre n'est ajouté). Au contraire Sérénité Extra est, à mon avis, un Cognac qui apporte un vrai plaisir de dégustation. Il a été créé à partir de Cognacs de 20 à 60 ans. Le résultat est complexe. Le milieu de bouche laisse s'exprimer un rancio très agréable et, comme tous les grands spiritueux, son évolution au fil du temps est merveilleuse. Un Cognac de toute beauté ! Bonne nouvelle, d'ailleurs, c'est la société Lixir qui va désormais distribuer les produits Bache Gabrielsen en France. On devrait donc les trouver beaucoup plus facilement.
Chez Jacoulot, on fait du marc de Bourgogne à partir de cépage de pinot noir, sans les tiges. La distillation se fait avec la peau et les pépins du raisin et le résultat est mis en bouteille après 7 à 12 ans de maturation. La fine de Bourgogne, elle, est distillée uniquement à partir du jus et le résultat de cette distillation est vieilli en fût pendant 20 ans. Plus sèche en bouche que le marc, mais tellement plus intéressante et avec une finale intense et infinie.
Les whiskies Michel Couvreur étaient présents pour la toute première fois. Même si entièrement vieillie dans leurs chais situés à Bouze-les-Beaune en Bourgogne, leur production provient de distilleries écossaises. Cette année, ils présentaient The Unexpected n°1 qui, comme son nom ne l'indique pas, est un produit 100% français. Distillé en 2011 selon leur cahier des charges à partir d'orge Vanessa et vieilli en fût de Xérès Pedro Ximenez, la centaine de bouteille produites ne sera pas mise en vente avant que le reste du whisky, qui continue lentement sa maturation, soit prêt (selon les critères de Michel Couvreur). Même après 6 ans de maturation, The Unexpected n°1 garde la signature céréalière de sa distillerie d'origine, à savoir : Le Domaine des Hautes Glaces.
Nouveau venu dans le petit monde du whisky français, Benjamin Kuentz est un embouteiller indépendant (qui préfère le terme "Éditeur") de whisky français. Il propose deux single malts aux noms originaux. (D'un) Verre printanier et Fin de partie sont deux whiskies fruités (poire/pomme) mis au point avec l'aide du maître assembleur de la distillerie d'où proviennent les fûts (Rozelieures). Le second étant plus punchy et tourbé que le premier.
Avant de partir, après cette journée bien remplie, petit arrêt sur le stand de la distillerie Manguin pour goûter une vraie curiosité : Elayos, un alcool à base d'olives macérées. Très étonnant tant le fruit est présent et non altéré au nez comme en bouche. Personnellement, à boire, je n'y trouve pas de plaisir (je ne pense pas que cet alcool ait été conçu dans ce but d'ailleurs) mais je serais réellement curieux de voir ce que pourraient en faire un grand Chef ou un mixologue de talent.
Alors que je me dirige vers la sortie, je croise de nouveau Jean Metzger qui sort de sa besace quelques échantillons pour me faire découvrir un Uberach vieilli 8 ans en fût de Macvin, ainsi que son tout nouveau X Years After, vieilli 10 ans en fût de Banyuls de second remplissage, qu'il fera découvrir sur son stand au Whisky Live.
Cette troisième édition de France Quintessence s'achève pour moi avec le souvenir de belles rencontres, de non moins belles découvertes gustatives et avec un bel espoir pour l'avenir des spiritueux français en général et du whisky en particulier.
Rendez-vous au Pavillon Ledoyen, les 9 et 10 septembre 2018 pour une quatrième édition, je l'espère, toute aussi pleine de surprises.
PS : Tout de même, j'aurais bien repris une petite goutte de MmC3, moi !
Merci à Amuse-Bouche pour l'invitation.
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