Quand on commence à s'intéresser au whisky, on apprend très vite que le liquide n'est pas tout et que, pour l'apprécier à sa juste valeur, il ne faut pas le boire n'importe comment, et surtout, pas dans n'importe quel verre.
Les plus connus se nomment Copita et Glencairn et ont, chacun, leurs amateurs et leurs détracteurs. Aujourd'hui, un petit nouveau (sur le marché européen) compte bien se faire une place dans les bars des amateurs et des professionnels du whisky et autres spiritueux. Son nom : The NEAT* Glass.
C'est lors d'une discussion avec Jacques Genin (orfèvre en chocolat, caramel, pâtes de fruits et autres pâtisseries) que ce dernier me démontra qu'à partir d'un certain degré d'alcool, les Glencairn et Copita montrent leurs limites et que les arômes finissent par se perdre avec les esters de l'alcool. Un verre à ouverture plus large évite la concentration de ces composants désagréables au nez pour laisser la place aux essences aromatiques dignes d'intérêt**.
The NEAT Glass a cette particularité d'offrir à la fois un col resserré qui concentre les arômes vers son centre et une ouverture large qui permet aux essences volatiles peu agréables de s'échapper sur ses bords.
Jusqu'à présent uniquement disponible aux États-Unis où il a été conçu, et déjà sélectionné comme verre officiel par les juges de plusieurs concours de spiritueux (San Francisco World Spirit Competition, San Diego International Spirit Competition, SIP Awards International Spirit Competition, etc.), il débarque aujourd'hui en Europe grâce à theneatglass.uk.
Ma curiosité étant à son comble, il fallait que je teste ce nouveau venu dans le paysage des verres de dégustation.
The NEAT Glass est large, assez lourd et donne une impression de robustesse grâce au verre épais qui le constitue. L'ergonomie est étudiée pour une bonne tenue en main. On peut le tenir dans le creux de la main (au risque de réchauffer le liquide) ou par le cou (comme on prendrait n'importe quel verre). N'utilisant plus que des verres "tulipes", des Copita ou des Glencairns depuis des années, j'ai eu, dans un premier temps, un peu de mal à me faire à la largeur du verre, mais j'ai fini par m'y faire. Pour baptiser mon NEAT Glass, je me suis servi 2 cl de Springbank 18 ans embouteillé par Douglas Laing en 2007 dans la gamme The Old Malt Cask (qui appartient dorénavant à Hunter Laing). L'expérience a été peu concluante. Le whisky entrant de manière inhabituelle en bouche et ne connaissant pas assez bien cette expression pour savoir en quoi l'expérience olfactive et gustative pouvait être différente, il faudrait prendre un peu plus de temps et utiliser un autre verre pour une comparaison efficace.
J'ai donc décidé de réaliser un vrai test comparatif avec, à ma gauche The NEAT Glass, à ma droite un Glencairn et au centre 5 cl du nouveau GlenDronach 1994 (20 ans) Single Cask #3400 embouteillé à 54,8 % exclusivement pour Abbey Whisky.
Glencairn
Nez : Un peu agressif. Les esters picotent les narines. Un peu de souffre. Après une quinzaine de minutes dans le verre, les essences volatiles et agressives ont laissé place à de merveilleuses notes de mélasse et de caramel ainsi qu'à des épices douces (cannelle).
Bouche : Le liquide coule à flots et se concentre sur le milieu de la langue. La bouche est sèche et astringente. Sur les fruits secs (figues, pruneaux), les noix et les noisettes.
Finale : Sèche, peu sucrée avec une très légère amertume qui, très vite, se transforme en une agréable douceur.
The NEAT Glass
Nez : Plus doux qu'avec le Glencairn. Aucune agressivité si on ne place pas son nez trop près du bord. On peut apprécier, dès le premier nez, les arômes agréables de caramel et de mélasse avec une note de café que je n'ai pu déceler avec l'autre verre. Cependant, après un certain temps, les arômes sont plus difficile à déceler.
Bouche : La première gorgée est étrange. Pas par le goût, mais par la façon dont le liquide arrive en bouche. D'abord, il faut lever son verre très haut, presqu'à la verticale, pour pouvoir boire. Ensuite le liquide coule beaucoup plus doucement qu'avec un autre type de verre. En se répartissant plus largement dans la bouche, le whisky se répandant de tous les côtés de la langue. Il semble un peu moins agressif, encore une fois, et permet une dégustation plus agréable pour les palais sensibles.
Finale : Sèche, équivalente à la précédente.
En conclusion, je dirais que The NEAT Glass est à réserver aux personnes ayant un nez et un palais sensible ou pour déguster des whisky dont le taux d'alcool dépasse les 50% ou 55%. Idéal pour prendre des notes de dégustation poussées, je le trouve moins pratique pour boire un (ou plusieurs) verre(s) entre amis.
The NEAT Glass existe en version "verre" ou "cristal" pour un prix (un peu cher à mon avis, mais l'expérience vaut le coup) commençant à £18,99 l'un ou £50,99 les quatre (frais de port compris). À commander ici.
Merci à The NEAT Glass UK pour le verre !
Merci à Abbey Whisky pour le whisky !
* Acronyme pour Naturally Engineered Aroma Technology, "neat" veut également dire "soigné" et, la traduction de "neat whisky" est tout simplement "whisky sec".
** Démonstration faites avec un Karuizawa 1995 à 69,3% dans un verre de type tumbler.
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